« Des Conditions difficiles » : différence entre les versions
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Le brouillard ou la pluie avait pénétré toutes les hardes des matelots ; nous n’avions jamais eu un rayon de soleil pour les sécher, et j’avais fait la triste expérience, dans ma campagne de la baie d’Hudson, que l’humidité froide était peut-être le principe le plus actif du scorbut. Personne n’en était encore atteint, mais après un si long séjour à la mer, nous devions tous avoir une disposition prochaine à cette maladie. | Le brouillard ou la pluie avait pénétré toutes les hardes des matelots ; nous n’avions jamais eu un rayon de soleil pour les sécher, et j’avais fait la triste expérience, dans ma campagne de la baie d’Hudson, que l’humidité froide était peut-être le principe le plus actif du scorbut. Personne n’en était encore atteint, mais après un si long séjour à la mer, nous devions tous avoir une disposition prochaine à cette maladie. | ||
J’ordonnai donc de mettre des bailles | J’ordonnai donc de mettre des bailles bacs pleins de braise [...] où couchaient les équipages. Je fis distribuer à chaque matelot ou soldat une paire de bottes, et on rendit les gilets et les culottes d’étoffe que j’avais fait mettre en réserve depuis notre sortie des mers du cap Horn. Mon chirurgien, qui partageait avec M. de Clonard le soin de tous ces détails, me proposa aussi de mêler au grog du déjeuner, une légère infusion de quinquina, qui, sans altérer sensiblement le goût de cette boisson, pouvait produire des effets très salutaires. | ||
''Source : Musée de la Marine – Un voyage de découvertes au siècle des lumières.'' | ''Source : Musée de la Marine – Un voyage de découvertes au siècle des lumières.'' | ||
Dernière version du 5 décembre 2024 à 08:26
Les difficultés de la vie à bord
En marin expérimenté, chaque fois que possible, Lapérouse fait parvenir en France son journal de bord, des dessins et cartes, des rapports et du courrier. Une partie des documents est rapportée par le naturaliste Dufresne débarqué à Macao en 1787, une autre par Lesseps, débarqué au Kamchatka.
Ce témoignage direct permet de retracer le déroulement des journées, les escales pour se réapprovisionner en eau, bois et vivres frais. La navigation est presque continue, à peine interrompue par les haltes nécessaires à l’accomplissement des missions, ainsi qu’au ravitaillement et à l’entretien des navires.
A bord, la vie est rude et éprouvante : promiscuité, mauvaise alimentation, manque d'hygiène, humidité constante… Parmi les maladies, il faut citer le scorbut. La cause : une insuffisance en vitamine C due à un défaut de consommation de fruits et de légumes frais.
Source : Musée de la Marine – Un voyage de découvertes au siècle des lumières.
Le rapport
Dès que Lapérouse rencontre un bateau qui rentre en France, il lui confie un rapport à remettre au roi, comprenant dessins et croquis, cartes, graines et objets indigènes. C’est la source principale de notre connaissance actuelle des découvertes et des aventures vécues par l’expédition.
Source : Le voyage de monsieur de La Pérouse - dossier pédagogique (Muséum d'histoire naturelle ).
Journal de bord de J.-F. de Lapérouse : Dans l’océan Pacifique Nord, en juin 1786
Le brouillard ou la pluie avait pénétré toutes les hardes des matelots ; nous n’avions jamais eu un rayon de soleil pour les sécher, et j’avais fait la triste expérience, dans ma campagne de la baie d’Hudson, que l’humidité froide était peut-être le principe le plus actif du scorbut. Personne n’en était encore atteint, mais après un si long séjour à la mer, nous devions tous avoir une disposition prochaine à cette maladie.
J’ordonnai donc de mettre des bailles bacs pleins de braise [...] où couchaient les équipages. Je fis distribuer à chaque matelot ou soldat une paire de bottes, et on rendit les gilets et les culottes d’étoffe que j’avais fait mettre en réserve depuis notre sortie des mers du cap Horn. Mon chirurgien, qui partageait avec M. de Clonard le soin de tous ces détails, me proposa aussi de mêler au grog du déjeuner, une légère infusion de quinquina, qui, sans altérer sensiblement le goût de cette boisson, pouvait produire des effets très salutaires.
Source : Musée de la Marine – Un voyage de découvertes au siècle des lumières.
Journal de bord de J.-F. de Lapérouse : Escale au Kamtchatka, du 7 au 30 septembre 1787
Je ne vous peindrais que difficilement les fatigues de cette partie de ma campagne, pendant laquelle je ne me suis pas déshabillé une seule fois, et n’ai pas eu quatre nuits sans être obligé d’en passer plusieurs heures sur le pont. Représentez-vous six jours de brume, et deux ou trois heures seulement d’éclaircie, dans des mers très étroites, absolument inconnues, et où l’imagination d’après tous les renseignements qu’on avait, peignait des dangers et des courants qui n’existaient pas toujours.
Peut-on croire que du biscuit rongé de vers, comme il l’est quelque fois et ressemblant à une ruche d’abeilles, de la viande dont un sel âcre a corrodé la substance, et des légumes absolument desséchés et détériorés, puissent réparer les déperditions journalières ?
Source : Musée de la Marine – Un voyage de découvertes au siècle des lumières.
Une bonne santé
Le succès d’une longue expédition en mer repose sur la bonne santé de l’équipage. La lutte contre le scorbut, cette « peste de la mer » due au manque de légumes et de fruits frais, est prioritaire. J’ai suivi les conseils de Cook qui n’avait pas perdu un seul homme lors de ses voyages. Nous embarquons donc des farines à base de carotte, raifort et persil, des légumes séchés, de la choucroute, le tout en grande quantité.
A chaque escale, nous faisons le plein de vivres frais et nous portons un soin particulier à l’hygiène : inciter les marins à se peigner, se laver, se raser, à changer régulièrement de chemise. Et pour les conserver en pleine forme, nous les faisons danser tous les jours sur le pont !
Source : Muséum d"histoire naturelle – Le voyage de monsieur de La Pérouse - dossier pédagogique.